Mon Tervueren

 

Mon copain Jean-Bernard en lisant mon site, grand amoureux des chiens m'a tout d'abord dit que ce chien était un "Tervueren". Ancien instituteur cela lui a rappelé un texte qu'il étudiait avec ses élèves.

Il me l'a communiqué, le voici:

 

7 — Noiraud. 

1. — « Le père Simon?

      C'est bien ici, me répondit une vieille femme..., mais voilà... si c'est pour aller au Chaudron....

     Oui, c'est pour aller au Chaudron

— Eh bien! Il ne va pas bien depuis ce matin, le père Simon... il n'a pas de jambes.-, il ne peut pas sortir...- Seulement. ne vous inquiétez pas, il y a quelqu'un pour le remplacer... il y a notre chien..,,

—. Comment! votre chien?

— Oui Noiraud...; il vous conduira très bien... aussi bienque mon mari...; il a l'habitude.... Depuis des années et desannées, le père Simon l'emmène avec lui...; alors il a apprisà'connaître les endroits..,; il a bien souvent conduit desvoyageurs et nous en avons toujours eu des-compliments....
Prenez Noiraud. Et puis, ça vous coûtera moins cher . Je
l'appelle, pas vrai !                          

 

___ Oui, appelez-le.

— Noiraud! Noiraud!

2. — II arriva, C'était un petit chien noir, à longs poils frisés et ébouriffés. Il ne payait pas de mine, mais il avait cependant dans toute sa personne un certain air de gravité, de décision, d'importance. Son premier regard fut pour moi; un regard qui disait clairement : «C'est un voyageur. Il veut aller voir le Chaudron. »

3. - Nous partîmes tous les deux, lui devant, moi derrière...Le chien, marchait d'un pas alerte et je me fatiguais à le suivre. J'essayai de modérer son allure : « Noiraud! Allons, Noiraud!... mon garçon, pas si vite! » Noiraud faisait la sourde oreille et poursui­vait, sans vouloir m'entendre, son petit bonhomme de chemin...

Quelques minutes après, nous entrions dans un délicieux chemin, tout fleuri, tout ombreux, tout parfumé, tout plein de fraîcheur et du murmure des sources.... Il y avait là un vieux banc rustique, et le regard de Noiraud allait avec agitation de mes yeux à ce banc et de ce banc à mes yeux. Je commençais à comprendre le langage de Noiraud.

« Il fait bon ici..., me disait-il, il fait frais.... Allons, assieds-toi..., tu peux t'asseoir, je te le permets.

Et je m'arrêtai, et je m'assis, et j'allumai un. cigare. Je fis pres­que \e mouvement d'en offrir un à Noiraud. Il fumait peut-être... . Mais il s'était déjà couché et assoupi à mes pieds.... Il était habi­tué à faire à cette place une petite halte et une petite sieste.

Il ne dormit guère qu'une dizaine de minutes. J'étais d'ail­leurs parfaitement tranquille; Noiraud commençait à m'ins­pirer une confiance absolue. J'étais résolu à lui obéir aveuglé­ment. Il se leva, s'étira, me jeta ce petit regard de côté qui signifiait:» En route, mon ami, eu route! » Et nous voilà tous deux cheminant sous bois, mais d'une allure plus lente; évidem­ment Noiraud goûtait le charme, le silence et la douceur du lieu.....

4. — Enfin je commence à entendre un bouillonnement ; Noiraud se met à japper joyeusement. 

 

 « Courage! me dit-il, courage! Nous arrivons..,. Tu vas voir le Chaudron. »

C'est, en effet, le Chaudron. Une source assez modeste, d'une hauteur également modeste, tombe dans une grande roche légèrement creusée. Je ne me consolerais pas d'avoir fait cette laborieuse ascension pour voir cette très médiocre mer­veille, si je n'avais eu pour compagnon de route ce brave Noi­raud, qui est, lui, bien autrement intéressant et bien autrement merveilleux que le Chaudron....

Ludovic HALEVY

 

 

 Nouvelles   (Carmann 1évy. édit.). 

 Extrait d'un vieux livre de françaic au CM et Cours supérieur "Le Dumas"